Feuz, Nicolas « Le Philatéliste » (2023) 332 pages

Feuz, Nicolas « Le Philatéliste » (2023) 332 pages

Auteur : Né en 1971, Nicolas Feuz a exercé les professions d’avocat et de juge d’instruction. Il est actuellement procureur de la République du canton de Neuchâtel, en Suisse. Depuis plus de 16 ans, il s’est spécialisé dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Nicolas Feuz a étudié le droit à l’Université et obtenu le brevet d’avocat, avant d’être élu en 1999 comme juge d’instruction, puis en 2008 comme président du collège des juges d’instruction, et enfin en 2011 comme procureur de cette petite République helvétique. En 2010, il s’est lancé dans l’écriture de romans noirs, mêlant librement réalité du terrain et fictions obscures.

Romans:  La trilogie Massaï (ILMORAN, l’avènement du guerrier (2010) – ILAYOK, le berceau de la folie (2011) – ILPAYIANI, le crépuscule massaï (2012) – La septième vigne (2013) –EMORATA, pour quelques grammes de chair (2014) – Les Bouches (2015) – Horrora borealis (2016) – EUNOTO, les noces de sang (2017) – Restez chez vous(2020) – Le Calendrier de l’Après (2020) – Heresix (2021) – Le Philatéliste (2023)

Série Jemsen : – Le Miroir des âmes (23.08.2018) – L’ombre du Renard (22.08.2019) – L’engrenage du mal (2020)- Brume rouge (23.02 2022) – Les larmes du lagon (10.11.2022)

Rosie & Wolf – 5.10.2023 –332 pages

Résumé : 

À l’approche de Noël, un vent d’effroi parcourt la Suisse. Un tueur organise un jeu de piste sordide avec des colis postaux. Sa signature ? Des timbres-poste fabriqués à partir de peau humaine.

L’inspectrice de la Police judiciaire genevoise Ana Bartomeu est saisie de l’affaire. Son enquête va la conduire des beaux quartiers de Genève à la vieille ville d’Annecy, des impasses sombres de Lausanne aux rues pavées de Delémont. Réussira-t-elle à démasquer cet assassin mystérieux que les médias suisses et français ont surnommé Le Philatéliste.

Mon avis:

Toujours un bonheur de se plonger dans un Nicolas Feuz:  je ne suis jamais déçue; et bien au contraire cette fois-ci! Certes il ne fait pas dans la dentelle mais mis à part quelques scènes, et surtout celle du début du livre, je l’ai trouvé moins sanglant que les précédents mais tout aussi efficace et rythmé. Et petit plus, il se déroule principalement à Genève, qui est bien mise en valeur; on s’y retrouve, on reconnait les endroits cités et c’est très sympa. Pour ce qui est de la police et de la justice du canton, elles ne sont pas mises en valeur du tout ! Faudrait voir à mettre un peu d’ordre dans les comportements des fonctionnaires  car c’est pas joli joli! 

Nouveaux personnages dans ce roman noir – très noir – de Nicolas Feuz. mais on y retrouve aussi des anciens comme l’inspectrice de la Police judiciaire genevoise Ana Bartomeu  et plein de petits clins d’oeil aux anciens personnages de sa série précédente, la série Jemsen qui font juste une mini apparition: on y croise Jemsen, Flavie Keller, Tanja Stokaj ainsi que le personnage phare de Marc Voltenauer, le Commissaire Andreas Auer… Et pour la première fois j’ai eu l’impression de faire davantage connaissance avec les personnages, comme si l’auteur avait développé à la fois l’intrigue, l’enquête et le coté personnages. Et pour moi c’est très important. Et il a réussi le tour de force de rendre les personnages attachants alors qu’il aurait été facile d’être caricatural. 

Nous allons faire  la connaissance de Sam, qui aime les timbres, l’informatique et les jeux vidéo et une petite fille qu’il surmonte « Ma Princesse »… 

Nous allons suivre des colis à la trace, en Suisse et en France voisine. Le tout suite à la découverte d’un premier colis affranchi avec des timbres bien particuliers, raison pour laquelle les journalistes ont surnommé le tueur « le Philatéliste ». Et comme toujours, le fait que l’auteur soit procureur nous permet d’avoir en prime des informations intéressantes sur les dessous de l’affaire.

C’est un roman qu’on ne lâche pas ! Il y a de la tension, des fausses pistes, du rythme, une vraie construction, de la psychologie. C’est vraiment un coup de coeur pour un thriller noir avec des personnages sombres et torturés qui trainent un lourd passé dans une ambiance glaciale tant au niveau de l’intrigue que de la météo. 

Extraits:

Genève connaissait les mêmes embouteillages que Paris aux heures de pointe, sauf qu’on était en Suisse, pays du respect et de la discrétion où les célébrités aimaient notoirement se ressourcer – on ne les abordait pas dans la rue, on leur fichait la paix. Sur la route, même régime : ni dépassements intempestifs, ni coups de klaxon. Les bouchons genevois étaient aussi célèbres que les bouchons lyonnais, mais ils n’avaient pas la même saveur. On attendait, sans trop d’impatience. Ça faisait partie du quotidien.

— Folle ? coupa Morin.
— Je préfère le terme de quérulente à tendances paranoïaques.

— Aujourd’hui, la loi sur l’ADN ne permet que de définir le sexe de l’auteur d’un délit. Avec le phénotypage, on pourra aussi connaître la couleur de ses yeux, de ses cheveux, son âge et son origine ethnique. Politiquement, ce dernier point ne plaît pas à la gauche ni aux Verts. Quoi qu’il en soit, la technique du phénotypage n’est pas encore totalement au point et ce ne sera probablement jamais une preuve absolue, en tout cas pas dans un avenir proche.

La psychiatrie n’est pas une science exacte, la justice non plus. Tu dois l’accepter. Et passer à autre chose.

L’emprise n’était pas encore de la manipulation, mais elle partait d’un précepte du dominateur : « L’autre m’appartient, il est à moi et il n’a pas le droit de partir. »

Il avait peur, mais cherchait à ne pas le montrer. La peur de la victime attisait toujours la jouissance du bourreau

La question ne se pose donc pas. Alors, cesse de jouer les orchidoclastes !
— Les quoi ?
— Les casse-couilles,  (…) 

RTS, Répression du trafic de stupéfiants. En termes plus communs, la brigade des Stups. ( dans le canton de Neuchâtel)

On dit que les comportements du passé sont les meilleurs prédicteurs des comportements à venir, mais dans les féminicides, c’est des conneries. Les statistiques démontrent le contraire. Dans la plupart des féminicides, l’auteur n’avait aucun antécédent.

Image : quelques timbres de la série des coeurs

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